"Certains commandants, chefs et états-majors ne savent pas comment justifier raisonnablement l'opportunité des décisions prises."

"Les officiers au niveau de la division, du régiment et du bataillon ont une faible connaissance de leurs obligations."

"Le personnel n'est pas suffisamment formé à l'utilisation d'armes et d'équipements militaires standard et n'a qu'une faible formation spécialisée."

"La tâche consistant à éradiquer les accidents et les crimes au sein des troupes et de la marine n'a pratiquement pas été résolue."

"La pratique consistant à dissimuler des crimes et des incidents et à déformer délibérément les informations concernant la mort de personnes n'a pas cessé."

La directive secrète
no. D-0010

"J'estime nécessaire de vous informer que le problème de la discipline militaire parmi le personnel militaire servant dans le groupement unifié du ministère de la défense de la Fédération de Russie en République tchétchène a été évalué à plusieurs reprises par des officiers du ministère de la défense directement en République tchétchène. Les résultats de ce travail montrent que la tension et la fatigue psychologique continuent de croître dans les collectifs militaires et que le moral du personnel se détériore.

Les raisons de cette situation sont l'insuffisance du travail des responsables du soutien moral et psychologique des actions des troupes, la résolution insatisfaisante des problèmes sociaux et domestiques, ainsi que le rejet de mesures fermes visant à renforcer l'ordre public et la discipline militaire".

V.F. KULAKOV

Chef du Département de l'Armée
et Service de Sécurité du Service Militaire
de l'État-Major général des Forces Armées
Lieutenant général de la Fédération de Russie

"Natalia a commencé à travailler à Memorial dès la deuxième guerre de Tchétchénie, juste après l'attaque de Grozny. Comme beaucoup, elle a d'abord vécu dans un appartement attribué par les autorités, avec un trou dans le mur dû aux bombardements. Elle a ensuite déménagé dans un immeuble où il n'y avait pas d'eau et où l'ascenseur ne fonctionnait pas. Mais elle a refusé de quitter Grozny. Ici, Natacha pouvait rencontrer personnellement les demandeurs et se rendre sur les lieux des violations des droits de l'homme. Elle s'occupait de tout, littéralement : disparitions forcées, falsifications d'affaires criminelles et bombardements aveugles.

De nombreuses affaires sont passées par Natacha, qui les a ensuite développées sur le plan juridique et les a portées devant la Cour européenne des droits de l'homme. Il était pratiquement impossible de l'arrêter. Natacha violait toutes les règles de sécurité afin de recueillir rapidement des informations. Pour cela, nous la grondions beaucoup, mais nous l'aimions et la respections énormément. Elle était le cœur et l'âme du Centre des droits de l'homme".

militant des droits de l'homme, journaliste et employé du bureau du Memorial Human Rights Center à Grozny. Elle a été tuée le 15 juillet 2009.

Le 25 septembre 2016, l'aviation russe a bombardé la ville avec des bombes à fragmentation. Lorsque la première frappe a eu lieu, j'ai pris mon appareil photo et j'ai couru sur le site. Mais les bombardiers avaient la tactique suivante : ils lâchaient une bombe et lorsque les gens accouraient sur le site de la frappe pour aider les blessés, l'avion revenait et effectuait une autre frappe.

À un certain moment, les gens ont eu peur d'aller aider les victimes. J'ai donc été blessé à l'estomac après la deuxième attaque, lorsque l'avion est revenu. Malheureusement, personne ne m'a aidé et j'ai marché tout seul jusqu'à l'hôpital. En marchant, j'ai vu plusieurs hommes adultes qui ne pouvaient pas bouger à cause de leurs blessures. Quand je suis arrivé à l'hôpital, il y avait beaucoup de blessés, et ceux qui avaient les blessures les plus graves ont été emmenés vers un hôpital plus important. J'ai vu une fillette d'environ sept ans, blessée à la poitrine, et j'ai vu comment le médecin l'a emmenée au bloc opératoire, puis je ne me souviens de rien, car j'ai perdu connaissance. Quand je me suis réveillé, j'étais dans la chambre.

FIN DU CHAPITRE I